II. Les changements entraînés par les innovations
Alors que les innovations s'enchaînent, le monde change. Dans ce second axes, nous allons tout d'abord aborder quelques notions, puis entrer dans le vif du sujet en traîtant des changements sociaux observés, enfin, nous parlerons d'une autre conscéquence de cette révolution : la croissance dans les pays émergeants au fur et à mesure de l'arrivée des technologies.
A) Quelques notions
1) Rapport croissance-innovation :
« L'entreprise a deux fonctions essentielles, et deux seulement : le marketing et l'innovation. Le marketing et l'innovation produisent des résultats, le reste n'est que dépenses (Peter Drucker) ». Cette vision de l'entreprise n'est pas à prendre au pied de la lettre (au sens strict, seule la fonction "ventes" rapporte de l'argent aux entreprises) mais dans une perspective de long terme, en tant que gage de vitalité: pour Drucker, une entreprise qui cesse d'innover signe son arrêt de mort à plus ou moins moyen terme.
2) Rapport croissance / développement :
La croissance est nécessaire au developpement, mais pas toujours suffisante. Elle est source de développement car elle permet une augmentation du niveau de vie, des salaires, des dépenses dans le domaine de la santé, des dépenses dans l'éducation, et de la productivité : ce qui signifie plus de temps libre (et aussi plus de temps dédié à la consommation), ainsi que des progrès technique. Mais il peut y avoir croissance sans developpement.
De même que le developpement génère la croissance. Une main d’oeuvre en meilleure santé et mieux formée est plus productive. C’est spécialement vrai dans les économies modernes, productrices de services, ou reposant sur des connaissances. En effet, dans des secteurs de production complexe, c’est le capital humain qui est primordial. Or la reproduction et l’accumulation du capital humain sont plus faciles dans des sociétés développées, dotées d’institution de formation par exemple, et réalisant un effort collectif de qualification.
3 ) Schumpeter : l'innovation à l'origine de la croissance et de ses cycles
Nikolai Kondratiev est un des premiers économistes à montrer l'existence de cycles longs de 50 ans, et Joseph Schumpeter développe la première théorie de la croissance sur une longue période. Il considère que l'innovation portée par les entrepreneurs constitue la force motrice de la croissance. Il étudie en particulier le rôle de l'entrepreneur dans Théorie de l'évolution économique en 1913.
Exemple de cycle économique
Pour Schumpeter, les innovations apparaissent par « grappes », ce qui explique la cyclicité de la croissance économique. Il retient par exemple les transformations du textile et l'introduction de la machine à vapeur pour expliquer le développement des années 1798-1815, ou le chemin de fer et la métallurgie pour l'expansion de la période 1848-1873. De façon générale il retient trois types de cycles économiques pour expliquer les variations de la croissance :
* les cycles longs ou cycles Kondratieff, d'une durée de cinquante ans ;
* les cycles intermédiaires ou cycles Juglar, d'une durée de dix ans environ ;
* les cycles courts ou cycles Kitchin, d'une durée de quarante mois environ.
Schumpeter parle aussi du concept de « destruction créatrice » pour décrire le processus par lequel une économie voit se substituer à un modèle productif ancien un nouveau modèle fondé sur des innovations. Il dit que « L'impulsion fondamentale qui met et maintient en mouvement la machine capitaliste est imprimée par les nouveaux objets de consommation, les nouvelles méthodes de production et de transport, les nouveaux marchés, les nouveaux types d'organisation industrielle - tous éléments créés par l'initiative capitaliste. [...] L'ouverture de nouveaux marchés nationaux ou extérieurs et le développement des organisations productives [...] constituent d'autres exemples du même processus de mutation industrielle [...] qui révolutionne incessamment de l'intérieur la structure économique, en détruisant continuellement ses éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs. Ce processus de destruction créatrice constitue la donnée fondamentale du capitalisme : c'est en elle que consiste, en dernière analyse, le capitalisme et toute entreprise capitaliste doit, bon gré mal gré, s'y adapter. »
B - Changements sociaux
1) Identitié
La science a deux manières fondamentales de changer notre compréhension : l'une est extravertie et se rapporte au monde, l'autre est introvertie et nous concerne nous-mêmes. Trois révolutions scientifiques ont eu un grand impact, à la fois selon les deux points de vue : extroverti et introverti. En changeant notre compréhension du monde extérieur, elles ont également modifié notre conception interne de ce que nous sommes.
Depuis les années cinquante, l'informatique et les TIC ont exercé une influence à la fois extravertie et introvertie, modifiant non seulement nos interactions avec le monde, mais également les conceptions essentielles sur ce que nous sommes. Nous ne nous interprétons plus comme des entités autonomes, mais plutôt comme des organismes informationnels interconnectés, un environnement global qui est constitué d'information - l'infosphère. La révolution numérique est donc mieux comprise comme une quatrième révolution dans le processus de dislocation et de réévaluation de notre nature fondamentale et de notre rôle dans l'univers.
2) Absorbtion de l'individu par l'Internet
Avec la 4eme révolution industrielle, nous assistons à un phénomène nouveau, un inquiétant transfert de l'individu d'humain vers l'infosphère : sans l'Internet, c'est l'anonymat. C'est comme si la vie réelle, l'économie, le cinéma, les bibliotèques, et même les magazins avaient tous été transféré sur l'Internet.
Quand le lèche-vitrine devient achat depuis Windows ne signifie plus marcher dans la rue mais naviguer sur le Web, notre sentiment d'identité personnelle commence à se détériorer. Au lieu d'être perçus comme des individus, des entités uniques et irremplaçables, nous devenons des produits de masse, des entités anonymes parmi d'autres entités anonymes. Nous pratiquons donc l'auto-promotion et nous nous réapproprions nous-mêmes dans l'infosphère en utilisant les blogs, les réseaux sociaux comme facebook ou encore youtube. Il n'y a pas de contradiction entre une société si soucieuse de la confidentialité et le succès de services comme Facebook. Nous utilisons et exposons des informations sur nous-mêmes de façon à devenir moins anonymes du point de vue informationnel. Nous tenons donc à maintenir un niveau élevé de protection des renseignements personnels parce que nous souhaitons sauvegarder un capital précieux qui peut être ensuite publiquement investi par nous-mêmes afin de nous construire en tant qu'individus uniques, perceptibles comme tels par les autres.
3) Influence révolution numérique
Les révolutions précédentes, en particulier celle de l'agriculture et la révolution industrielle, ont provoqué à long terme des transformations macroscopiques dans nos structures sociales et nos environnements physiques, souvent d'ailleurs sans beaucoup de prévoyance. La révolution numérique n'est pas moins dramatique. Nous rencontrerons des problèmes si nous ne prenons pas au sérieux le fait que nous sommes en train de construire le nouvel environnement qui sera habité par les générations futures. La meilleure manière d'aborder les nouveaux défis éthiques posés par la révolution numérique consiste sans doute à le faire à partir d'une approche environnementale ; pas celle qui privilégierait le naturel ou l'intégrité, mais plutôt celle qui traite comme authentiques et véritables toutes les formes d'existence et de comportement, même celles qui sont basées sur des artefacts synthétiques et issus de l'ingénierie. Cette sorte de e-environnementalisme synthétique exige un changement dans notre point de vue sur la relation entre la physis (la nature, la réalité) et la technè (la pratique des science et ses applications).
4) dépendance
De nos jours, le problème de la dépendance à l'internet se fait ressentir, créant de nouvelles maladies psychologiques... En voici quelques exemples :
L'ego-navigation : vous faites des requêtes incessantes sur votre propre personne pour connaître votre cyber-réputation, vous êtes atteint de cyber-égocentrisme.
Le web-voyeurisme : C'est la "phase 2" du cas précédent car au lieu de s'intéresser uniquement à vous , vous poussez vos investigations sur vos amis plus ou moins proches, sur vos anciennes conquêtes amoureuses, et éventuellement sur des stars ( de la chanson, du cinéma .... ) vous êtes alors victime de web-voyeurisme.
La cyberchondrie : ces personnes " web-hypochondriaques " : effectuent des recherches sur toutes sortes de maladies graves alors qu'ils ont au mieux une maladie imaginaire et au pire une maladie minime mais dont ils grossissent les symptômes jusqu'à en devenir réellement malades
Le web-exhibitionnisme : l'exemple type est la mode des blogs, ou on dévoile sa vie privée... et parfois très privée !
La wikipediolie : Si vous sacrifiez votre vie personnelle ou professionnelle pour rédiger des articles sur l'encyclopédie en ligne Wikipedia, et cela devient un besoin compulsif...
La Cyber-addiction : vie de plus en plus virtuelle, perte de contact avec la réalité... mène à l'isolation, mais parfois aussi à la dépression.
En France, on passe en moyenne 29h43 sur l'ordinateur chaque mois. De nos jours, tout, ou presque tout se fait via le net. Il devient impératif de savoir utiliser les systèmes mails, le traîtement de texte, et de savoir réaliser une recherche. Les entreprises s'y mettent petit à petit : il devient très important d'avoir un site. C'est une façon de se faire connaître, car sans Internet, nous sommes anonymes.
C- La croissance dans les pays émergents
Les pays émergents représentent 37% de la population mondiale 30% de la production et 19% des exportations mondiales. Ces pays émergents sont la Corée du Sud , Taïwan, la Chine, l'Indonésie, la Thaïlande, la Malaisie, le Mexique, le Brésil, le Vénézuéla, la Colombie, l'Espagne, la Turquie, le Portugal, le Maroc et la Tunisie. Les pays émergents sortent beaucoup plus rapidement de la crise que les pays développés : ils ont subi de plein fouet le début de la crise, entre fin 2008 et début 2009, mais aujourd'hui, leurs économies sont reparties sur les chapeaux de roue, alors que les pays développés, surtout en Europe, essaient de consolider une reprise timide.
Comment expliquer ce rebond inattendu des économies émergentes ?
«Elles ont tiré les leçons des crises de la fin des années 90», explique l'économiste Michel Fouquin. «Elles ont constitué des réserves de devises, n'avaient que peu de dettes. Les pays ont donc pu mener de puissants plans de relance.» De quoi déjouer les pronostics.
1) La brique des BRIC ou les grands pays émergents et le commerce mondial
« Les grands pays émergents comme le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine (BRIC) sont, à des degrés divers, engagés dans la libéralisation des échanges et dans les négociations multilatérales. L'Empire du Milieu a ainsi rejoint l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001 ; quant à la Russie, elle est activement engagée dans le processus d'adhésion. Concernant les relations bilatérales, les BRIC ont élaboré leur propre stratégie qui n'est le reflet ni de celle des pays développés, ni de celle des plus petits pays en développement (PED). nous explique Jean-Frédéric Morin dans la revue Accomex.
Les grands pays émergents, notamment ceux qui ont donné naissance à l'acronyme BRIC, puis BRICSAM - pour Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud et Mexique - ne sont pas seulement des pays en développement à fort taux de croissance. Ce qui les distingue, c'est leur poids économique et leur trajectoire, qui leur permettent désormais de se mesurer aux pays développés les plus influents de l'économie mondiale.
2) La croissance des pays émergents, une opportunité pour les pays riches
La croissance des pays émergents ne doit pas être considérée comme une menace, mais comme une opportunité pour les pays riches, a estimé l'OCDE. Le centre de gravité économique du monde a changé, La croissance mondiale de la dernière décennie a ainsi été principalement tirée par les pays en développement, non par les pays riches.
Selon le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques, Angel Gurria, si la tendance se poursuit, les pays en développement représenteront près de 60% de l'économie mondiale d'ici 2030.
Cette nouvelle donne "représente une énorme opportunité pour les citoyens des pays en développement mais aussi des pays développés", estime Angel Gurria, citant de "meilleures perspectives commerciales" ou "une plus large base de consommateurs".